Entretien – Après des années passées au sein de la paroisse Chavannes-Epenex, M. Sylvain Durgnat, pasteur de l’Eglise réformée et en retraite depuis quelques jours, a gentiment accepté de répondre à quelques questions, dont les réponses ci-dessous, teintées d’humour, sont à l’image de cet homme sympathique et passionné de nature, qui se décrit lui-même barbichu et bien dans ses bottes.
Pourriez-vous en quelques mots, exposer votre parcours ?
Mon parcours a été assez classique : écoles, maturité sciences-math, théologie, puis 38 ans de ministère pastoral dont 5 en France. J’ai également suivi une formation postgrade en sciences de l’environnement et en écologie.
Cinq paroisses sont à mon compteur : La Chaux – L’Auberson, Cognac, Champagne, (il glisse malicieusement qu’il aurait bien aimé Bière pour continuer, mais celle-ci n’était pas disponible), Payerne et Chavannes-Épenex.
Quel est le rôle d’un pasteur dans une commune telle que Chavannes ?
Le même que partout ailleurs : être un témoin d’un Dieu bienveillant pour quiconque s’ouvre à Lui. Cela dit, savoir l’être avec attention à l’autre, là où il vit et lui proposer un chemin possible sans langue de bois, ni de patois de Canaan, ni préjugés.
Dans le cadre de votre mission, quels sont les changements majeurs dont vous avez été le témoin ?
Hum … Jeune pasteur (pas sec derrière les oreilles), je me suis entendu dire par un homme âgé et respectueux, sans ironie aucune de sa part, tout en me désignant une chaise au bout de la table du salon : Monsieur le ministre veut-il prendre place ici ? J’ai ressenti une drôle d’impression … Aujourd’hui le pasteur – et l’Eglise réformée, je l’espère – sont descendus de leur piédestal pour entrer dans la cour de la vraie vie, celle où il n’y a plus de privilège, ni de castes. Pour ma part j’ai très bien vécu cette transition : il n’y a plus de « Monsieur le Ministre » qui tienne : Sylvain suffit !
Avez-vous une anecdote particulière à raconter concernant un événement qui vous a particulièrement marqué ?
Un million, voire deux, comme toute personne vivant sur cette terre je pense. En choisir une à Chavannes ? Peut-être celle-ci : Quelques dimanches après les attentats à Paris contre la rédaction du Canard Enchaîné, deux femmes musulmanes sont venues tout exprès au temple, au moment du culte, pour s’y recueillir quelques instants avant notre célébration en signe de paix et de solidarité entre tous les humains ; magnifique souvenir !
Quelle est votre plus grande satisfaction et à contrario votre plus grand regret ?
Avoir eu la chance de terminer mon ministère dans la paroisse réformée de Chavannes-Épenex, chaleureuse petite communauté chrétienne ouverte, solidaire, proactive et sympathique ! Un regret ? Ne pas pouvoir continuer à faire progresser cet élan visant à assurer une transition écologique et sociale de la paroisse et ce, avec la complicité bienveillante de la Commune.
Avez-vous une question que vous avez toujours espéré que l’on vous pose un jour ?
Peut-être pourquoi n’avoir pas planté le verger de maraude autour du temple 10 ans plus tôt ? Question à laquelle j’aurai sans doute répondu que le meilleur moment pour planter un arbre, c’était il y a 20 ans ! Sauf qu’il y a 20 ans je n’étais pas à Chavannes et que dans 20 ans, j’espère pouvoir revenir et voir le verger épanoui, les nichoirs à martinets sur le temple occupés, le jardin participatif cultivé, ainsi que les paroissiens réformés toujours aussi accueillants !
Un grand merci à M. Durgnat pour avoir consacré un peu de son temps et, de sa plume légère, égayé cet interview.
Propos recueillis par Brigitte Waridel et Samuel Brun
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