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Astrocast: le nez dans les étoiles

Dernière mise à jour : 28 juin 2021

Le 25 janvier dernier, nos médias, RTS en tête, annonçaient le lancement des cinq premiers satellites de la société Astrocast, à partir d’une fusée Falcon 9 de SpaceX.


Quel rapport avec Chavannes ? et bien c’est ici, dans notre commune, que sont développés et construits ces petits appareils de télécommunication, à peine plus gros qu’un carton à chaussure si l’on fait abstraction de leurs panneaux solaires, et conçus pour fonctionner dans un environnement particulièrement hostile, l’orbite basse de la terre (LEO dans le jargon, pour Low Earth Orbit).


Astrocast occupe deux étages du bâtiment du chemin des Ramiers 20. Dans ses locaux flambant neufs, agencés avec soin, l’entreprise ne peut, au sol pas plus que dans le ciel, gaspiller l’espace à disposition. En effet, en un peu plus d’une année, pas moins d’une septantaine de postes de travail, mêlant techniciens, ingénieurs, programmateurs, développeurs, stratèges ont pris place dans les deux étages des locaux de l’entreprise. L’imposante salle de commande des satellites occupe une place centrale au rez-de-chaussée, où elle jouxte la salle de construction des satellites avec ses postes de travail à l’atmosphère contrôlée, le laboratoire de test, dans lequel trône un impressionnant simulateur permettant de soumettre les composants aux contraintes de l’espace, à savoir l’absence d’atmosphère et des variations de température très importantes et brutales (de – 70 à 120 °C), ainsi notamment que les nombreux pupitres d’ingénieurs et techniciens de l’entreprise. A l’étage, passé le long comptoir de la réception sont distribués salles de conférence, bureaux, management, ressources humaines et une cafétéria dont les murs, on nous l’a fait remarquer, portent les stigmates du goût de quelques employés pour le ping-pong.


L’histoire de la société commence à l’EPFL, en 2009, avec le projet de microsatellite cubique Swisscube (10 cm d’arrête, soit une unité, dans le jargon). Conçu pour fonctionner quelques mois à l’époque, le petit appareil, flanqué d’un capteur d’images, lancé en 2012, a bluffé son monde en résistant au-delà de toute attente, à tel point qu’il est encore en activité aujourd’hui après plus de 10 ans dans l’espace et plusieurs dizaines de milliers de cycles de charges). Deux étudiants qui ont participé au lancement décident, en 2014, d’utiliser les compétences acquises pour développer une technologie spatiale dans le prometteur domaine de l’internet des objets (IoT : Internet of Things). Ils fondent alors Astrocast.

Le principe est simple : Astrocast va se constituer un réseau de satellites, qui lui permettra de couvrir la surface de la terre (à terme 80 satellites, avec une latence maximale, entre l’émission et la réception des données au sol, de 15 minutes, sachant qu’un seul satellite en rotation autour de la terre dans un axe constant par rapport au soleil couvre la surface terrestre en 12 à 24 heures grâce à la rotation de celle-ci). C’est son infrastructure commerciale.


A ses clients, elle vend des émetteurs/récepteurs communiquant avec les satellites et permettant le transfert de données d’un point à l’autre du monde, sans relai terrestre. Une forme de téléphonie qui se passe d’antenne, et qui permet de communiquer avec des instruments de mesure. Astrocast transmet ainsi, par son réseau, à la fois les données et les positions géographiques des objets connectés. Cette technologie, qui s’affranchit des contraintes au sol, permet par exemple déjà aujourd’hui à quelques clients d’Astrocast, comme la société américaine Wildlife Computers, spécialisée dans la collecte de données sur l’environnement, d’implanter des capteurs sur des animaux sauvages ou menacés, comme certaines espèces de tortues marines, et de collecter à la fois des donnés sur les positions de leurs populations et sur les températures des environnements, notamment des colonnes d’eau, dans lesquels elles se déplacent.


L’outil ouvre des possibilités que l’on devine infinies et peut permettre, par exemple, de transmettre des données récoltées par des sondes ou des capteurs sur la pression d’un pipe line dans le désert, les données d’une station météo dans un lieu inaccessible ou l’humidité des sols d’une région.


A ces projets s’en ajoutent de nouveaux, comme le projet de développement d’un panic button, qui permettrait à toute personne ou tout système en danger de donner une alerte avec sa position exacte, ou une collaboration naissante avec une autre start up de la région, basée à Renens, et spécialisée dans le tracking des drones, la société Involi. 30 millions ont été investis à ce jour en aides publiques à travers notamment l’agence spatiale européenne et des investisseurs privés, pour permettre à la société de créer son outil de travail et de devenir rapidement rentable. La société Airbus, par son pôle investissement Airbus Ventures est ainsi l’un des bailleurs de fonds emblématiques d’Astrocast. Car même construit à coûts réduits avec des matériaux privilégiant des technologies non spécifiquement prévues pour l’industrie spatiale, un seul satellite d’Astrocast aura coûté quelque CHF 200'000.- pour sa réalisation et plus du double, une fois qu’il a rejoint son orbite définitive.



Astrocast affirme des valeurs éthiques qui sont largement placardées dans les couloirs de l’entreprise. Elle ne fera pas de tracking d’armes, suit les directives de l’ESA (European Space Agency) pour l’élimination propre de ses satellites et les employés sont invités à offrir une journée par année à la communauté, lors d’un community day qui peut prendre la forme d’une opération de ramassage de mégots à Vidy ou plus récemment en 2020, d’une récolte de nourriture pour Caritas.



Le prochain lancement aura lieu fin juin, si les conditions le permettent. Cinq nouveaux satellites, construits à Chavannes, devraient rejoindre le pas de tir de SpaceX avant d’atteindre leur orbite LEO à bord d’une fusée Falcon. Astrocast a contacté ce printemps la Municipalité pour proposer aux enfants de l’établissement scolaire des Chavannes-S-Sulpice de réaliser des dessins qui seront gravés sur les faces de certains satellites à Chavannes, à côté de messages des employés de l’entreprise et qui voyageront ainsi pendant de nombreuses années autour de la terre. Des contacts sont en cours avec la direction de l’établissement, et nous ne manquerons pas de relater les développements de cette sympathique initiative.



Entretien avec M. Laurent Vieira de Mello



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Yves Leyvraz

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